L’argumentation et les stratégies argumentatives

L’argumentation appartient à la littérature d’idées et défend ou réfute des opinions et idées dans des domaines aussi variés que la philosophie, les sciences, la politique, etc.

Argumenter consiste à développer une thèse dans le but de remporter l’adhésion du destinataire.

Il existe deux types d’argumentation :

L’argumentation directe

L’argumentation est dite « directe » lorsque le locuteur énonce explicitement sa thèse et la développe. Elle ressortit donc exclusivement au discours argumentatif, sans recourir à la fiction. Elle peut toutefois revêtir de multiples formes :

  • Essai
  • Discours
  • Dialogue
  • Article
  • Préface, etc.

Les objectifs de ce type d’argumentation sont de :

  • Produire un argumentaire clair : il ne peut y avoir aucune ambiguïté sur la pensée du locuteur (mais attention, parfois, au recours à l’ironie, qui implique que l’énoncé doit être lu au contraire de ce qui est écrit – il y a généralement des indices de cette ironie)
  • Développer la capacité de réflexion du lecteur en le confrontant directement à ses propres idées et opinions

L’argumentation indirecte

L’argumentation est dite « indirecte » lorsque les idées sont exprimées indirectement par la fiction. L’auteur passe le relai à un ou plusieurs de ses personnages, chacun incarnant une position sur le sujet donné. Elle peut aussi revêtir des formes multiples :

  • Apologue (court récit porteur d’une morale, comme la fable ou le conte)
  • Dialogue dans les récits ou au théâtre
  • Poésie engagée
  • Description, portrait
  • Document iconographique (image, tableau…), etc.

Les objectifs de ce type d’argumentation sont de :

  • Divertir le public : ces textes sont généralement agréables à lire et vivants du fait de la présence d’une action
  • Atteindre un large public par le recours à la fiction qui est moins austère qu’un discours purement argumentatif
  • Contourner la censure : l’auteur retranscrit les paroles/pensés d’autres que lui, il ne saurait donc être incriminé

Qu’elle soit directe ou indirecte, l’argumentation peut suivre plusieurs buts, cumulables entre eux :

Démontrer

C’est argumenter de façon objective, le locuteur part d’une vérité et s’appuie sur des preuves universelles. C’est une démarche scientifique qui aboutit à une conclusion irréfutable.

Indices : vocabulaire de la science, registre didactique, absence de modalisateurs, présence de connecteurs logiques, exemples précis.

Délibérer

C’est argumenter en discutant et en examinant tous les aspects d’un problème avant d’aboutir à une décision/conclusion. Lorsque plusieurs personnes sont impliquées, on parle de débat, lorsqu’il n’y a qu’une seule personne, c’est un monologue délibératif.

Indices : Marques de l’énonciation (1ère et 2e personnes), phrases interrogatives, connecteurs logiques, hypothèses, alternatives.

Convaincre

C’est argumenter pour défendre une opinion personnelle en faisant appel à la réflexion. Le locuteur peut parfois énoncer une thèse réfutée pour mieux s’y opposer et faire valoir son argument.

Indices : vocabulaire de la réflexion, connecteurs logiques, comparaisons/analogies, exemples, raisonnements inductifs/déductifs, syllogisme (« si… et… alors… »).

Persuader

C’est argumenter en orientant sa stratégie sur la séduction et le recours aux sentiments (crainte, pitié, surprise, dégoût, envie, indignation…)

Indices : vocabulaire des émotions, modalisateurs, adverbes et adjectifs, phrases interrogatives et exclamatives, registres ironique, satirique, pathétique, comique, arguments ad hominem et d’autorité.


Pour remplir ces objectifs, on s’appuie sur cinq types d’arguments et cinq types de raisonnements.

Les cinq types d’arguments

  1. L’argument d’expérience : il s’appuie sur l’observation de faits tirés de l’expérience vécue, de l’histoire, de l’actualité, etc. dont la réalité semble incontestable.
  2. L’argument d’autorité : il s’appuie sur la renommée d’une personne (auteur, penseur, homme politique), d’une institution, sur la sagesse d’une maxime ou des valeurs universellement admises (liberté, tolérance, etc.)
  3. L’argument ad hominem (« contre un homme ») : il discrédite l’adversaire en s’attaquant à son physique, sa personnalité, son passé plutôt qu’à ses idées
  4. L’interrogation rhétorique : c’est une affirmation déguisée en question et qui n’appelle pas de réponse tant elle est évidente
  5. L’alternative: elle limite le choix à deux positions extrêmes, sans permettre d’adopter un parti pris nuancé

Les cinq types de raisonnements

  1. Le raisonnement déductif : on part d’une loi générale pour en tirer une conséquence logique pour un cas particulier
  2. Le raisonnement inductif : on part d’observations particulières pour aboutir à un principe général. Attention à deux écueils : les généralisations fausses (« de tout temps les hommes ») et le recours aux préjugés (« les Français sont sales et arrogants »)
  3. Le raisonnement par analogie : comparaison avec un domaine familier et connu du destinataire
  4. Le raisonnement concessif : on admet un argument auquel on est opposé pour le fragiliser en montrant ses faiblesses et ses failles logiques
  5. Le raisonnement par l’absurde : on imagine les conséquences absurdes d’une thèse

Une réponse sur “L’argumentation et les stratégies argumentatives”

Les commentaires sont fermés.