Vie de l’Abbé Prévost (1697-1763)

La plupart des éditions scolaire de Manon Lescaut présentent une biographie, au moins sommaire, de son auteur, l’abbé Antoine François Prévost.

Voilà tout de même un certain nombre d’éléments qui sont susceptibles d’éclaire la lecture de l’Histoire du chevalier des Grieux et Manon Lescaut qui, sans être une autobiographie de l’auteur, présente de nombreuses convergences.

Dès le XVIIIe siècle, de nombreux récits, bienveillants ou malveillants (selon la réception des écrits de l’auteur), circulent. Toutefois, un certain nombre de points sont concordants :

  1. Un fils de famille. Antoine François Prévost, ou parfois Prévost d’Exiles, est né le 1er avril 1697, à Hesdin en Artois (actuel Pas-de-Calais), dans une très bonne famille (son père était officier royal). En tant que tel, il reçoit une éducation solide et semble avoir de très bonnes dispositions intellectuelles.
  2. Le jeune aventurier. A la fin de ses années de formation, il se destine à entrer dans l’ordre Jésuite, mais s’évade du noviciat pour s’enrôler dans l’armée. Selon les versions, cette hésitation entre vœux cléricaux et militaires dure plus ou moins cinq ans jusqu’en 1717 (ou 1720). La conclusion de la Triple Alliance en 1717 entre la Grande-Bretagne, les Provinces-Unies (actuels Pays-Bas) brise les rêves de gloire guerrière d’Antoine Prévost qui rentre en France et entre chez les Jésuite en 1717 (ou chez les Bénédictins en 1720).
  3. Prévost moine. En 1720, il rentre chez les Bénédictins de Saint-Maur à Saint-Germain des Prés à Paris. Il y reste jusqu’en 1728. Il s’enfuit du monastère quelques jours après avoir publié les deux premiers tomes des Mémoires et aventures d’un homme de qualité et devient un « moine vagabond », un bénédictin défroqué. Il s’enfuit alors d’abord en Hollande, puis en Angleterre puisque ses frères bénédictins ont demandé, par lettre de cachet, qu’il soit poursuivi. Là, il se convertit à l’anglicanisme, devient le précepteur du fils de Sir John Eyles, Francis Eyles. Il y reste jusqu’en 1730 et poursuit l’écriture des Mémoires et aventures d’un homme de qualité.
  4. L’esclave des passions. Il revient en 1730 en Hollande où il rencontre Lenki Eckhart, une prostitué notoire de La Haye avant de faire faillite parce qu’il ne parvient pas à terminer l’écriture de Cleveland. C’est là qu’il compose le septième tome des Mémoires et aventures d’un homme de qualité, qui raconte L’Histoire du Chevalier des Grieux et de Manon Lescaut. Il doit de nouveau fuir et retourne en Angleterre, avec Lenki Eckhart.
  5. Le précepteur amoureux. Là, il est arrêté et incarcéré pour avoir écrit un chèque frauduleux en usurpant l’identité de Francis Eyles. Ce dernier le fait libérer mais il doit quitter l’Angleterre.
  6. L’aumônier du Prince. En 1734, il rentre à Paris et tente d’être réintégré dans les ordre. En 1736, il entre au service du prince de Conti en qualité d’aumônier. Ce statut le protège des poursuites engagées contre lui par les Bénédictins autant que par les Jésuites. Il se consacre désormais aux Lettres.
  7. Le bon abbé Prévost. Il consacre les vingt-cinq dernières années de sa vie à l’écriture et à la traduction.
  8. La victime d’un destin. Il meurt subitement, le 25 novembre 1763, d’une crise d’apoplexie (hémorragie cérébrale).