Phrase : Une phrase est un groupe de mots organisés les uns avec les autres qui a pour but de porter un sens. Elle commence par une majuscule et se termine par une ponctuation forte (point, point d’exclamation, point d’interrogation).
Proposition : Une proposition est un groupe de mots organisés autour d’un verbe conjugué. Il y a autant de propositions que de verbes conjugués dans la phrase.
Conjonctions de coordination : nature de mots invariables qui servent à relier deux propositions. Les conjonctions de coordinations les plus fréquentes sont : mais, ou, et, donc, or, ni, car.
Conjonctions de subordination : nature de mots invariables qui servent à relier deux propositions en plaçant une des deux sous la dépendance de l’autre (la proposition subordonnée est incompréhensible sans la principale). Les conjonctions de subordination les plus fréquentes sont : parce que, puisque, de sorte/pour/afin que, comme, si.
Pronoms relatifs : nature de mots variables qui remplacent, dans une proposition subordonnée relative, un mot (antécédent) de la proposition principale. Les pronoms relatifs les plus fréquents sont : qui, que, quoi, dont, où, auquel, à laquelle, duquel, de laquelle, auxquels, desquels.
Les différents types de propositions. Chaque type de proposition peut se définir de deux façons, un « théorème » et sa « réciproque ».
Proposition indépendante :
On appelle proposition indépendante une proposition centrée autour d’un seul verbe conjugué.
Si une proposition n’a qu’un seul verbe conjugué alors c’est une proposition indépendante.
Propositions juxtaposées :
On appelle propositions juxtaposées deux (ou plus) propositions séparées par une ponctuation faible (virgule, point-virgule, deux-points).
Si deux (ou plus) propositions sont séparées par une ponctuation faible (virgule, point-virgule, deux-points) alors ce sont des propositions juxtaposées.
Propositions coordonnées :
On appelle propositions coordonnées deux (ou plus) propositions séparées par une conjonction de coordination.
Si deux (ou plus) propositions sont séparées par une conjonction de coordination alors ce sont des propositions coordonnées.
Propositions subordonnées :
On appelle propositions subordonnées deux (ou plus) propositions séparées par une conjonction de subordination ou un pronom relatif.
Si deux (ou plus) propositions sont séparées par une conjonction de subordination ou un pronom relatif alors ce sont des propositions subordonnées.
Exercice : Lisez le texte des lignes 555 à 592 de l’essai « Des Coches » de Montaigne (de « En suivant les côtes » jusqu’à « ces peuples en enfance » – dans l’édition sur laquelle nous étudions le texte). Relevez ensuite :
Une proposition indépendante
Deux propositions juxtaposées
Deux propositions coordonnées
Deux propositions subordonnées
Puis, transformer les propositions juxtaposées en propositions coordonnées et ensuite subordonnées.
Pour vous aider à progresser dans la lecture de ces textes complexes, vous pouvez accompagner votre lecture de l’écoute de ces enregistrements. Ils sont accompagnés d’éléments visuels qui peuvent, éventuellement, aider à mieux comprendre le texte aussi.
Le XVIe siècle est particulièrement marqué par l’opposition sanglante entre catholiques et protestants dans tout le royaume de France.
Connaître ces événements permet de comprendre l’approche « relativiste » de Montaigne qui le porte à décentrer son point de vue sur les événements.
Généalogie simplifiée des Valois
Depuis l’invention de l’écriture à caractères mobiles par Gutenberg au milieu du XVe siècle, les thèses réformistes de Luther (1483-1546) et Calvin (1509-1564) se sont répandues dans la population. Les réformistes s’opposent, au XVIe siècle aux catholiques. Les points d’opposition entre ces deux factions sont en particulier les suivants :
Le rejet du culte des saints et des indulgences. Les catholiques s’en remettent volontiers aux saints plus qu’à Dieu lui-même ; de même les évêques de l’Église et le Pape offraient aux fidèles, moyennant pèlerinage ou finance, une rémission des totale ou partielle des péchés, alors que les protestants pensent que seul Dieu peut racheter les péchés des Hommes.
Le rejet du principe d’autorité. Les protestants pensent que chaque individu a un rôle à jouer dans la communauté et que le prêtre (ou l’évêque, ou le Pape) n’est pas le seul dépositaire des fonctions pastorales. Les individus sont en relation « directe » avec Dieu et n’ont pas besoin d’intercesseurs. Dès lors c’est toute la hiérarchie telle qu’elle existe au XVIe siècle qui est remise en question puisque le roi de France tient son pouvoir de Dieu (il est sacré à Reims, ce qui signifie qu’il se place sous l’autorité du Pape – cela n’empêche pour autant pas les conflits puisque les États pontificaux sont aussi des forces armées qui souhaitent acquérir/préserver leurs territoires et que la fonction papale est éminemment politique).
Les conséquences de l’expansion des thèses protestantes se font ressentir dans tout le royaume de France (et ailleurs en Europe aussi, Allemagne, Suisse, Angleterre). En 1534, on trouve placardé sur la porte de la chambre du roi François Ier des affiches de propagande pour les idées réformées (c’est « l’affaire des Placards »). Le roi voit dans cet événement une atteinte à son autorité politique et les premières persécutions de protestants commencent. Lors de l’accession au trône de France de François II, en 1559, il est roi de plein exercice mais n’a que 15 ans et sa mère, Catherine de Médicis le conseille et ses oncles par alliance (il a été marié à Marie Stuart, de la famille des Guise, en 1558), ultra-catholiques à la tête de la Ligue, ont une grande influence sur la politique religieuse répressive qui se met en œuvre (perquisitions, arrestations, confiscations de biens notamment). Nonobstant une tentative de conjuration (en mars 1560), cette politique se poursuit jusqu’au décès du roi (en décembre 1560).
Son frère, Charles IX accède au trône alors qu’il n’a que neuf ans et sa mère, Catherine de Médicis, devient régente et nomme Michel de L’Hospital chancelier. Il est modéré et les Guise quittent la cour. Ce dernier tente de concilier les deux parties en suspendant les persécutions dont étaient victimes les protestants et en organisant un colloque à Poissy (septembre-octobre 1561) entre protestants et catholiques qui aboutit à l’édit de tolérance en janvier 1562 autorisant le culte réformé dans certains lieux, en dehors des villes. Les catholiques fanatiques, sous la direction des Guise, massacrent en mars 1562, les protestants du village de Wassy réunis, pour leur culte, dans une grange, et réponse, le prince de Condé, un des chefs protestants, s’empare d’Orléans. C’est le début de la première guerre de religion, sept autres suivront jusqu’à l’accession au trône d’Henri IV en 1589. Lors de chaque affrontement, lorsque les catholiques l’emportent, le traité signé réduit les libertés des protestants, lorsque les protestants emportent le conflit suivant un nouveau traité vient les rétablir. En 1572, la reine Catherine de Médicis, mère de Charles IX, décide de marier sa fille, Marguerite de Valois (la future « reine Margot »), au chef de l’armée réformée, Henri de Navarre (le futur Henri IV). Le jour du Mariage, à Paris, tous les chefs réformés sont présents pour assister à la noce, Catherine de Médicis, avec l’accord du roi, donne la consigne aux catholiques de massacrer tous les protestants de Paris et de province espérant ainsi anéantir les forces réformées, c’est le massacre de la Saint-Barthélémy. Henri de Navarre échappe de justesse à la mort, il y a eu au moins vingt mille victimes.
En 1574, Charles IX meurt et son frère, Henri III est appelé à régner à sa suite. Il poursuit la politique catholique répressive instiguée par ses frères.
En 1584, le dernier frère du roi, le Duc d’Alençon meurt et n’ayant pas d’enfants, Henri de Navarre devient seul héritier possible du trône de France (en vertu de la loi salique qui désigne comme successeur d’un roi sans enfant le mâle le plus directement proche de lui dans la descendance de ses ancêtres). Pour lui faire barrage, les catholiques ultra créent la Ligue, une armée de fanatiques dirigée par les Guise.
En mai 1588, Paris se révolte, poussée par Henri de Guise qui trouve Henri III trop modéré dans la lutte contre Henri de Navarre (c’est la « guerre des trois Henri »). En décembre de la même année, Henri III fait assassiner Henri de Guise et son frère Louis. Les membres de la Ligue tournent alors leur vindicte contre le roi. Henri III s’allie à Henri de Navarre pour contrer les Ligueurs, mais en avril 1589, Henri III se fait assassiner par le moine fanatique Jacques Clément. Henri de Navarre accède au trône sous le nom d’Henri IV, il parvient en quelques années à pacifier le royaume et offre aux protestants le droit de célébrer leur culte sur le territoire (édit de Nantes, 1598).
C’est dans cet environnement que Montaigne évolue. Il est catholique modéré, de même que sa femme, mais une de ses sœurs et un de ses frères sont protestants, il vit dans une région majoritairement protestante et il fait partie des familiers d’Henri de Navarre et fréquente occasionnellement la cour des rois Charles IX et Henri III.
Pour compléter et/ou éclairer ceci, je vous recommande de visionner le documentaire suivant (intéressant pour nous jusqu’à 13 minutes) :
Vous trouverez ci-après deux propositions de répartition de votre temps pour un travail sur table de 2h et 4h.
Devoir sur table de 2h (110 minutes au lycée)
Un travail en temps limité est une double épreuve : une épreuve évidemment intellectuelle (et parfois physique) mais aussi une épreuve contre le temps. Il faut, pour espérer réussir à boucler le travail à faire dans le temps imparti, savoir quoi faire à quel moment dans ce temps extrêmement contraint.
Cela suppose, évidemment que l’élève ait à sa disposition, sous son nez, une montre [non connectée évidemment !] ; le surveillant de salle n’a pas vocation à se transformer en horloge parlante !
Voici une sorte de « chemin de fer » qui vous donne quelques indications quant à la façon d’organiser ce temps.
Travail à faire
Temps consacré
Deux premières lectures du texte pour le découvrir (1) et s’assurer de l’avoir compris (2)
10 minutes
Lecture de la problématique et des points à étudier Analyse des questions = s’assurer que vous avez pris en considération tous les mots (même/surtout les adjectifs !)
10 minutes
Relecture du texte pour commencer à faire le lien entre le texte et les questions posées
5 minutes
Repérages dans le texte : – Des éléments lexicaux pertinents à l’étude – Des éléments grammaticaux pertinents à l’étude – Des éléments stylistiques pertinents à l’étude – De l’atmosphère générale et des registres littéraires Établissement du plan de chacune des parties (sans rédiger !)
30 minutes
Rédaction au brouillon de l’introduction (présentation du texte, problématique, annonce du plan) et de la conclusion (réponse à la problématique et rappel des conclusions partielles)
10 minutes
Rédaction au propre : – de l’introduction ; – deux parties ; – de la conclusion
3 minutes 2 x 20 minutes 2 minutes
Dès que possible, en cours d’écriture (à la fin de chaque partie), relire le travail en vérifiant : – accords sujets/verbes – accords adjectifs/noms – homophones (à/a ; c’est/s’est ; se/ce ; -er/-é) – …
Le plus rapidement et efficacement possible
Devoir sur table de 4h
Voici un document que vous pouvez télécharger et qui vous propose un mode de répartition de votre temps de travail pour un devoir en 4h (pour une commentaire composé ou une dissertation).
Voici un document qui vous permettra de mieux comprendre la note que vous obtenez lors des évaluations en classe de 2nde ou de 1ère en français, quand vous devez réfléchir et composer sur des textes ou des sujets de dissertation.
Les valeurs sont données à titre indicatif et l’amplitude à l’intérieur de la « fourchette » varie en fonction de la qualité d’expression et de la pertinence du propos. Il est évident que de trop nombreuses fautes, qu’elles soient de grammaire ou d’orthographe, ruinent tout propos, fût-il brillantissime !
Note
Commentaires et conseils
0,5-4/20
Travail hors-sujet La question et/ou le texte a/ont été mal lu(e/s) et votre travail ne correspond pas du tout à ce qui est attendu. Pour progresser : – Apprendre systématiquement les leçons (registres littéraires, valeurs des temps, figures de style…) et reprendre ce qui a été fait au collège (grammaire, orthographe, conjugaison). – Lire plusieurs fois le texte (3 ou 4 fois) pour être capable de voir le lien qu’il y a entre chaque idée et chaque élément qui le composent. – Lire plusieurs fois et dans leur ensemble les questions pour comprendre la logique du questionnement. – En dissertation (lycée), lire la question attentivement, s’assurer d’avoir compris tous les mots du sujet et de bien comprendre la relation qu’il y a entre les différentes notions. En commentaire de texte, bien établir le lien entre le texte et les registres littéraires. À la maison, le travail avec dictionnaire est indispensable pour s’assurer d’une parfaite compréhension du texte et des questions.
5-8/20
Travail trop superficiel Le texte est globalement compris mais les réponses restent trop évasives, manquent de précision. Le travail a peu (pas du tout) de structure : répétition d’idées, sauts du coq à l’âne sans transitions). Aucun ou trop peu d’exemples viennent étayer l’argumentation. Pour progresser: – Travailler plus longtemps au brouillon. Établir un plan de travail précis et cohérent. Les idées doivent s’enchaîner logiquement et sans redites. – Toujours associer, dans vos arguments, le fond et la forme. Un travail exclusif sur le fond aboutira toujours à une paraphrase plus ou moins heureuse, un travail exclusif sur la forme n’a aucun intérêt parce qu’il ne permet pas de mettre le texte en valeur et se résume en général à une liste de remarques (« il y a… », « on trouve… »). – Chacun de vos arguments doit être assorti d’un exemple précisément détaillé (citation commentée en lien avec l’argument en commentaire composé ; exemple littéraire/cinématographique précis et commenté dans la dissertation). – Utilisez, en plus de vos connaissances personnelles, les textes étudiés durant votre scolarité comme exemples dans la dissertation. Ne pensez pas que votre lecteur/correcteur sait ce que vous avez en tête, il/elle ne le sait pas !
9-12/20
Travail correct Votre travail est honorable mais vous êtes resté(e) à la surface des choses sans approfondir vos arguments ni suffisamment expliquer les exemples que vous avancez. Pour progresser : – Essayer systématiquement de pousser votre réflexion un cran plus loin (posez-vous pour chaque argument la question « et alors ? Qu’est-ce que ce que je viens de dire apporte à la compréhension du texte »). – Approfondir le lien entre le fond et la forme dans le texte que vous étudiez. Analyser les faits grammaticaux, stylistiques, rythmiques du texte en plus de la simple analyse lexicale (les mots sont importants, mais les tournures peu habituelles, les figures de style, les singularités du texte le sont aussi et il ne faut pas les négliger).
13-16/20
Travail tout à fait honnête Vous avez répondu aux attentes « scolaires » de l’exercice et avez rempli votre part du contrat. Pour progresser: – Travailler votre style : écriture plus dense (plus d’idées moins de mots). – Soyez d’une rigueur martiale tout en restant plaisant à lire – N’hésitez pas à employer un vocabulaire plus recherché, techniquement plus précis (cela aidera à densifier votre écrit). Oser briller ! Montrez que vous savez des choses et que vous êtes capables de mobiliser toutes vos connaissances à bon escient.
<17/20
Excellent travail En plus de répondre à la question posée, vous montrez que vous maîtrisez parfaitement la langue et le vocabulaire technique et faites preuve d’une bonne culture générale. Pour progresser: A ce niveau vous savez ce qu’il vous reste à faire pour progresser et vous commencez à savoir que vous ne savez rien !
Que ce soit à l’écrit ou à l’oral, les phases d’introduction et de conclusions sont déterminantes et doivent, à ce titre, faire l’objet d’une attention toute particulière. En effet, ce sont la première et la dernière choses que votre correcteur/lecteur lira de vous et vous devez faire bonne impression en commençant votre travail et le terminer sur une note positive aussi.
Introduction :
L’introduction est le lieu de la rencontre entre vous et votre correcteur/lecteur ; il s’agit de la soigner, comme vous soigneriez une première rencontre avec une personne physique. Cette rencontre doit donner envie à votre lecteur d’aller plus loin dans la lecture de votre travail. Pour cela elle doit présenter le sujet aussi clairement que possible en évitant à tout prix les considérations généralisantes (fausses de surcroît) qui ne permettent pas de rentrer immédiatement dans le sujet. Les amorces du genre « de tous temps les hommes ont… » est à bannir absolument, rien ne saurait être plus faux (à moins que vous ne puissiez prouver que vous avez étudié l’ensemble des sociétés humaines sous toutes les latitudes de la planète depuis l’apparition de l’humanité – je doute que l’entreprise soit même envisageable).
L’introduction est composée obligatoirement de trois éléments qui ne forment qu’un seul et unique paragraphe.
Le premier élément diffère un peu selon que vous devez conduire un commentaire de texte (1a) ou une dissertation (1b), les autres (2 et 3) sont les mêmes pour les deux exercices.
1a) Dans le cadre d’un commentaire de texte, il faut en premier lieu présenter le texte : par qui et quand a-t-il été écrit (« Ce poème est extrait de …, écrit par… en …« ). Si vous décidez de donner des détails biographiques sur l’auteur, ne mentionnez que les éléments qui apportent un éclairage sur le texte que vous allez étudier. Il est par exemple inutile de mentionner la mort de Léopoldine Hugo (la fille de Victor Hugo) pour commenter un texte des Châtiments qui est entièrement centré sur son opposition à Napoléon III et de même il est inutile de mentionner Napoléon III pour commenter un texte des Contemplations qui sont consacrées au travail de deuil de V. H. suite à la mort de sa fille. Vous devez aussi proposer un rapide résumé du texte qui met en évidence votre compréhension du texte et en fait ressortir les éléments saillants que vous allez commenter dans votre travail.
1b) Dans le cadre d’une dissertation, on attend que vous analysiez les mots du sujet : quels sont les différents sens des termes du sujet et quelles questions se posent suite à leur association dans le libellé du sujet.
2) Problématique : la problématique est la question à laquelle votre travail va tâcher de répondre. Le texte, si vous avez un texte à commenter, est une énigme que vous devez tenter de résoudre. Ce que vous devez trouver est ce qui fait la spécificité, la singularité de ce texte précis. Il faut être capable de voir à quel(s) mouvement(s) littéraire(s) il se rattache et comment l’auteur traite ce(s) mouvement(s) de façon unique (pas comme ses contemporains et pas comme dans les autres textes de ce même auteur).
3) Annonce du plan. Cette annonce doit permettre, en deux ou trois étapes, d’apporter une réponse à la question posée. Ces parties doivent se suivre logiquement et aller des éléments les plus simples pour aller vers les plus complexes. L’annonce du plan doit être la plus claire possible. Vous pouvez opter pour la présentation suivante « dans un premier temps nous verrons que… , puis dans un deuxième temps… et enfin dans un troisième temps…« . Ne craignez pas d’être « lourds » dans votre annonce, cela aidera le lecteur à suivre votre raisonnement. Il n’est pas nécessaire d’annoncer les sous-partie dans l’annonce du plan, tenez-vous en aux titres des parties.
Au sujet de la phrase d’amorce : cette phrase est extrêmement complexe à trouver et à rédiger. En temps limité vous n’avez pas de temps à perdre à en chercher une. Si vous avez un éclair de génie (rare !) faites, mais sinon abstenez-vous et passez directement à l’analyse du sujet. Mieux vaux une entrée en matière un peu sèche et directe qu’une mauvaise entrée en matière !
Conclusion :
La conclusion est aussi importante que l’introduction en ce sens que c’est la dernière chose que votre lecteur gardera en mémoire. Elle se doit donc aussi d’être la plus claire et simple possible. Elle se compose de deux éléments dont seul le premier est indispensable. Comme l’introduction, elle est composé en un seul et unique paragraphe.
1) Réponse claire, précise et sans ambiguïté à la problématique. Votre problématique était une question, répondez-y simplement en rappelant les différentes conclusions de chacune de vos parties : « Au terme de cette étude nous avons montré que… parce que [I], [II] et [III] » (« [I], [II] et [III] » étant les conclusions de chaque partie). Ce récapitulatif permet à votre lecteur, sans avoir à relire votre travail, de se remémorer les étapes de votre réflexion. Attention, il est hors de question d’ajouter de nouveaux éléments à la réflexion à ce stade du travail : n’évoquez que des choses que vous avez dites clairement précédemment.
2) Une ouverture éventuellement. Il s’agit là de montrer, si vous le pouvez/savez, comment ce texte, dans le cadre d’un commentaire, s’inscrit dans un ensemble plus vaste (le recueil, le roman dont le texte est extrait, par exemple ou, pour une dissertation, dans quelle mesure ce que vous avez démontré peut s’entendre pour d’autres formes artistiques. Mais, cette étape n’est pas exigible à votre niveau et il vaut mieux laisser votre lecteur sur une impression positive avec une réponse claire à la problématique, que de faire du zèle et proposer une ouverture qui ruinera tous vos efforts.
Le français possède trois façons de présenter une séquence conditionnelle (= qui pose une condition) selon le caractère rempli ou non de la condition, dans le présent, le futur ou le passé.
Comparez les exemples suivants :
Exemples
Structure grammaticale
1
(Si j’ai de l’argent), [j’achèterai un cheval]
(si + ind. présent) , [ind. futur]
2
(Si j’avais de l’argent), [j’achèterais un cheval]
(Si j’avais eu de l’argent), [j’aurais acheté un cheval]
(si + ind. plus-que-parfait) , [ind. cond. passé]
La première proposition (« si… ») est la proposition subordonnée circonstancielle d’hypothèse, la seconde, après la virgule, est la proposition principale de la phrase. L’ordre des deux propositions peut être inversé.
En termes de sens :
l’exemple 1 signifie que j’ai effectivement de l’argent et que j’ai l’intention ferme d’acheter un cheval
l’exemple 2 signifie qu’au moment où je parle, je n’ai pas d’argent et suis donc dans l’incapacité d’acheter un cheval, nonobstant mon envie.
l’exemple 3 signifie que je parle d’un moment passé où j’ai voulu acheté un cheval, mais que j’ai dû renoncer à ce projet faute d’argent.
Grammaticalement parlant, chacune de ces trois modalités à un nom particulier :
Éventuel
Irréel du présent
Irréel du passé
Remarques :
Pour ce qui est des temps, il faut bien faire attention au fait que certains d’entre eux ne sont pas employés avec leur sens temporel.
Dans la phrase 2, l’imparfait ne fait pas référence à un moment du passé, mais bien au présent de l’énonciation (= au moment où l’on parle).
Il en va de même pour le conditionnel présent de cette même phrase qui n’exprime pas un futur dans le passé, mais possède ici sa pleine valeur conditionnelle (= condition non remplie).
Dans ces cas, l’imparfait, comme le conditionnel, sont dits « modaux » : « imparfait modal » et « conditionnel modal », pour noter clairement que ce n’est pas leur valeur temporelle qui est en jeu. C’est la même chose dans la phrase 3, le plus-que-parfait est modal, de même que le conditionnel passé.
Exercices
Exercice 1
Délimiter les subordonnées circonstancielles d’hypothèse par des crochets droits […]
Souligner, dans la proposition principale, le verbe dont dépend la subordonnée
Entourer la forme verbale correcte parmi celles proposées
Identifier la modalité de la condition (éventuel, irréel du présent ou irréel du passé)
Si tu n’allais / iras / irais pas à la bibliothèque tout de suite, nous pourrions jouer aux échecs.
Tu ne récolteras rien, si tu n’as / avais / auras / aurais rien semé.
Si j’ai / avais / aurai / aurais pelleté la neige de l’escalier, le facteur ne serait pas tombé.
Nous louerons une auto si les voyages en autobus te fatiguent / fatiguaient / fatigueront / fatigueraient.
Nous prendrons le sentier qui longe la falaise si tu n’as / avais / auras / aurais pas le vertige.
Il se mettra à bafouiller si vous lui posez / posiez / poserez / poseriez trop de questions.
Si tu achetais / achèteras / achèterais le journal et que tu le lisais / liras / lirais, tu verrais qu’on parle souvent de moi.
Exercice 2
Délimiter les subordonnées circonstancielles d’hypothèse par des crochets droits […]
Souligner, dans la proposition principale, le verbe dont dépend la subordonnée
Conjuguer le verbe entre parenthèses au temps approprié
Si les poules (avoir) ……………………………………………… des dents, les œufs se vendraient plus chers.
Je lui achèterai des raisins si j’en (trouver) ……………………………………………… .
Si tu (ne pas faire) ……………………………………………… tout ce tapage, je n’aurais pas de problème avec mes voisins.
Si elle me (téléphoner) ………………………………………………, tu lui diras que je suis parti.
Si elle (pouvoir) ……………………………………………… dessiner toute la journée, elle le ferait.
Il s’ennuierait moins si on lui (acheter) ……………………………………………… une télé.
Si tu (pelleter) ……………………………………………… la neige à ce rythme, nous ne sommes pas près de pouvoir passer.
Il a dit qu’il viendrait avec nous si nous lui (payer) ……………………………………………… son voyage.
J’aurai une proposition intéressante à te faire si tu (vouloir) ……………………………………………… toujours travailler.
Le recueil des Fleurs du mal est le fruit d’un long processus d’élaboration, commencé, nous l’avons vu, dès les années 1845, soit douze ans avant sa première publication. Dans un premier temps, Baudelaire publie quelques poèmes, isolés les uns des autres dans des revues assez confidentielles. Toutefois, en juin 1855, il publie un ensemble de dix-huit poèmes sous le titre « Fleurs du mal ».
Il faut attendre le 25 juin 1857 pour que Les Fleurs du mal paraissent. Le recueil comporte alors 53 pièces non encore publiées.
Première page du recueil annotée de la main de Baudelaire pour y apporter les dernières modifications avant l’impression définitive.
Le dimanche 5 juillet, seulement onze jours après la parution du recueil, un article de Gustave Bourdin en une du Figaro, critique violemment le recueil et son auteur. Il écrit :
« M. Charles Baudelaire est, depuis une quinzaine d’années, un poète immense pour un petit cercle d’individus dont la vanité, en le saluant Dieu ou à peu près, faisait une assez bonne spéculation ; ils se reconnaissaient inférieurs à lui, c’est vrai ; mais en même temps, il se proclamaient supérieurs à tous les gens qui niaient ce messie. Il fallait entendre ces messieurs apprécier les génies à qui nous avons voué notre culte et notre admiration : Hugo était un cancre, Béranger un cuistre, Alfred de Musset un idiot, et madame Sand une folle. Lessailly avait bien dit : Christ va-nu-pied, Mahomet vagabond et Napoléon crétin. – Mais on ne choisit ni ses amis ni ses admirateurs, et il serait trop injuste d’imputer à M. Baudelaire des extravagances qui ont dû plus d’une fois lui faire lever les épaules. Il n’a eu qu’un tort à nos yeux, celui de rester trop longtemps inédit. Il n’avait encore publié qu’un compte rendu de Salon très vanté par les docteurs en esthétique, et une traduction d’Edgar Poe. Depuis trois fois cinq ans, on attendait donc ce volume de poésies ; on l’a attendu si longtemps, qu’il pourrait arriver quelque chose de semblable à ce qui se produit quand un dîner tarde trop à être servi ; ceux qui étaient des plus affamés sont les plus vite repus : – l’heure de leur estomac est passée. Il n’en est pas de même de votre serviteur. Pendant que les convives attendaient avec une si vive impatience, il dînait ailleurs tranquillement et sainement, – et il arrivait l’estomac bien garni pour juger seulement du coup d’œil. Ce serait à recommencer que j’en ferais autant.
J’ai lu le volume, je n’ai pas de jugement à prononcer, pas d’arrêt à rendre ; mais voici mon opinion que je n’ai la prétention d’imposer à personne.
On ne vit jamais gâter si follement d’aussi brillantes qualités. Il y a des moment où l’on doute de l’état mental de M. Baudelaire : il y en a où l’on n’en doute plus : – c’est, la plupart du temps, la répétition monotone et préméditée des mêmes mots, des mêmes pensées. – L’odieux y coudoie l’ignoble ; – le repoussant s’y allie à l’infect. Jamais on ne vit mordre et même mâcher autant de seins dans si peu de pages ; jamais on n’assista à une semblable revue de démons, de fœtus, de diable, de chloroses, de chats et de vermine. – Ce livre est un hôpital ouvert à toutes les démences de l’esprit, à toutes les putridités du cœur ; encore si c’était pour les guérir, mais elles sont incurables.
Un vers de M. Baudelaire résume admirablement sa manière ; pourquoi n’en a-t-il pas fait l’épigraphe des fleurs du mal ?
"Je suis un cimetière abhorré de la lune"
Et au milieu de tout cela, quatre pièces, « Le Reniement de saint Pierre, » puis « Lesbos« , et deux qui ont pour titre « Les Femmes damnées« , quatre chefs-d’œuvre de passion, d’art et de poésie ; mais on peut le dire, – il le faut, on le doit : – si l’on comprend qu’à vingt ans l’imagination d’un poète puisse se laisser entraîner à traiter de semblables sujets, rien ne peut justifier un homme de plus de trente d’avoir donné la publicité du livre à de semblables monstruosités. »
(Le Figaro, 5 juillet 1857)
Quelques jours après cette charge accablante, J. Habans, autre journaliste du Figaro, en signe une seconde :
« Avec M. Charles Baudelaire, c’est de cauchemar qu’il faut parler. « Les Fleurs du mal« , qu’il vient de publier, sont destinées, suivant lui, à chasser l’ennui « qui rêve d’échafauds en fumant son houka. » Mais l’auteur n’a pas pris garde qu’il remplaçait le bâillement par la nausée. Lorsqu’on ferme le livre après l’avoir lu tout entier comme je viens de le faire, il reste dans l’esprit une grande tristesse et une horrible fatigue. Tout ce qui n’est pas hideux y est incompréhensible, tout ce que l’on comprend est putride, suivant la parole de l’auteur. J’en excepterai pourtant les cinq dernières strophes de la pièce intitulée « Bénédiction« , « Élévation » et « Don Juan aux Enfers« . De tout le reste, en vérité, je n’en donnerais pas un piment… et je n’aime pas le poivre ! Toutes ces horreurs de charnier étalées à froid, ces abîmes d’immondices fouillés à deux mains et les manches retroussées, devaient moisir dans un tiroir maudit. Mais on croyait au génie de M. Baudelaire, il fallait exposer l’idole longtemps cachée à la vénération des fidèles. Et voila qu’au grand jour l’aigle s’est transformé en mouche, l’idole est pourrie et les adorateurs fuient en se bouchant le nez. Il en coûte assez cher de jouer au grand homme à huis clos, et de ne savoir pas à propos brûler ces élucubrations martelées à froid dans la rage de l’impuissance. On en arrive à se faire prendre au mot lorsqu’on dit :
Moi, mon âme est fêlée, et lorsqu'en ses ennuis
Elle veut de ses chants peupler l'air froid des nuits,
Il arrive souvent que sa voix affaiblie
Semble le râle épais d'un blessé qu'on oublie,
Au bord d'un lac de sang, sous un grand tas de morts,
Et qui meurt SANS BOUGER, DANS D'IMMENSES EFFORTS !
Comme c’est vrai, tout cela ! et comme je donne raison à M. Baudelaire, lorsqu’il se juge ainsi ! Allons, un Requiem par là-dessus, et qu’on n’en parle plus.
(Le Figaro, 12 juillet 1857)
Ces deux jugements sont suivis, dès le 16 juillet 1857 d’un procès intenté par le Procureur Pinard pour outrage à la moralité (publique et religieuse), du fait, en particulier des poèmes incriminés par Bourdin. Le 21 août, la condamnation tombe, elle est moins lourde que ce que requérait le procureur du fait de l’intervention des amis de Baudelaire (Théophile Gautier et Barbey d’Aurevilly notamment ont plaidé la cause de Baudelaire directement auprès de l’impératrice Eugénie), mais six pièces sont pourtant interdites (« Lesbos », « Femmes damnées », « Le Léthé », « À celle qui est trop gaie », « Les Bijoux », « Les Métamorphoses du vampire »), Baudelaire est finalement condamné à 250 francs d’amende et son éditeur à 100 francs (se souvenir que le notaire qui gère la fortune de Baudelaire lui verse une rente mensuelle de 200 francs, seulement).
L’élément le plus important pour Baudelaire est le fait que l’interdiction de ces poèmes ruinent l’intégralité de l’unité du recueil telle qu’il l’avait pensée. C’est la raison pour laquelle il se remet au travail pour refondre l’ensemble des Fleurs du mal, ce qui aboutit en 1861 au recueil tel que nous l’étudions aujourd’hui.
En 1868, parait à titre posthume, une nouvelle édition des Fleurs du mal. Baudelaire avait pour projet d’y ajouter 25 pièces supplémentaires, sans modifier pour autant la structure du recueil de 1861. Cette édition n’a pas été revue par l’auteur ce qui justifie le fait que l’édition de référence soit la deuxième.
Structure du recueil de 1861
Nom de la section
1857
1861
1868
Spleen et idéal
77 poèmes
85 poèmes
107 poèmes
Tableaux parisiens
0
18 poèmes
20 poèmes
Le Vin (entre Révolte et La Mort en 1857)
5 poèmes
5 poèmes
5 poèmes
Fleurs du mal
12 poèmes
9 poèmes
10 poèmes
Révolte
3 poèmes
3 poèmes
3 poèmes
La mort
3 poèmes
6 poèmes
6 poèmes
Nombre total de poèmes
100
126
151
Schéma synthétique de la structure du recueil et évolution quantitative de la production.
Le recueil est organisé en 5 sections en 1857 et en six dès 1861 (la section « Tableaux parisiens » n’apparaît qu’alors).
La première section, « Spleen et Idéal », est de loin la plus importante. C’est celle qui pose la double aspiration de l’homme : d’une part le rêve de l’idéal, exprimé le plus souvent par l’exotisme et l’évocation d’un ailleurs, d’autre part, la sordide réalité de l’ici, qui pousse le poète au désespoir et au spleen. L’ordre des poèmes dessine une déchéance qui part de la quête de l’idéal et de la beauté, pratiquement réalisable, jusqu’aux gouffres les plus profonds de l’ennui et de la mélancolie, en particulier du fait du temps qui passe :
"La Cloche fêlée"
Il est amer et doux, pendant les nuits d’hiver,
D’écouter, près du feu qui palpite et qui fume,
Les souvenirs lointains lentement s’élever
Au bruit des carillons qui chantent dans la brume.
Bienheureuse la cloche au gosier vigoureux
Qui, malgré sa vieillesse, alerte et bien portante,
Jette fidèlement son cri religieux,
Ainsi qu’un vieux soldat qui veille sous la tente !
Moi, mon âme est fêlée, et lorsqu’en ses ennuis
Elle veut de ses chants peupler l’air froid des nuits,
Il arrive souvent que sa voix affaiblie
Semble le râle épais d’un blessé qu’on oublie
Au bord d’un lac de sang, sous un grand tas de morts,
Et qui meurt, sans bouger, dans d’immenses efforts.
L’insertion des tableaux parisiens, en 1861, permet au poète d’inscrire son recueil dans la modernité. C’est dans la ville et ses architectures nouvelles que Baudelaire cherche le salut.
"Le Soleil"
Le long du vieux faubourg, où pendent aux masures
Les persiennes, abri des secrètes luxures,
Quand le soleil cruel frappe à traits redoublés
Sur la ville et les champs, sur les toits et les blés,
Je vais m’exercer seul à ma fantasque escrime,
Flairant dans tous les coins les hasards de la rime,
Trébuchant sur les mots comme sur les pavés,
Heurtant parfois des vers depuis longtemps rêvés.
Ce père nourricier, ennemi des chloroses,
Éveille dans les champs les vers comme les roses ;
Il fait s’évaporer les soucis vers le ciel,
Et remplit les cerveaux et les ruches de miel.
C’est lui qui rajeunit les porteurs de béquilles
Et les rend gais et doux comme des jeunes filles,
Et commande aux moissons de croître et de mûrir
Dans le cœur immortel qui toujours veut fleurir !
Quand, ainsi qu’un poëte, il descend dans les villes,
Il ennoblit le sort des choses les plus viles,
Et s’introduit en roi, sans bruit et sans valets,
Dans tous les hôpitaux et dans tous les palais.
Pourtant, le recours au « paradis artificiels » est inévitable. Le vin est ici célébré, à la fois comme moyen d’oubli et du rêve.
"L'Âme du vin"
Un soir, l’âme du vin chantait dans les bouteilles :
« Homme, vers toi je pousse, ô cher déshérité,
Sous ma prison de verre et mes cires vermeilles,
Un chant plein de lumière et de fraternité !
Je sais combien il faut, sur la colline en flamme,
De peine, de sueur et de soleil cuisant
Pour engendrer ma vie et pour me donner l’âme ;
Mais je ne serai point ingrat ni malfaisant,
Car j’éprouve une joie immense quand je tombe
Dans le gosier d’un homme usé par ses travaux,
Et sa chaude poitrine est une douce tombe
Où je me plais bien mieux que dans mes froids caveaux.
Entends-tu retentir les refrains des dimanches
Et l’espoir qui gazouille en mon sein palpitant ?
Les coudes sur la table et retroussant tes manches,
Tu me glorifieras et tu seras content ;
J’allumerai les yeux de ta femme ravie ;
À ton fils je rendrai sa force et ses couleurs
Et serai pour ce frêle athlète de la vie
L’huile qui raffermit les muscles des lutteurs.
En toi je tomberai, végétale ambroisie,
Grain précieux jeté par l’éternel Semeur,
Pour que de notre amour naisse la poésie
Qui jaillira vers Dieu comme une rare fleur ! »
Assez logiquement, ce vin mène le poète à la lascivité et à la débauche, c’est-à-dire à la section Fleurs du mal proprement dite. C’est dans cette section que le plus grand nombre de poèmes ont été condamnés (« Lesbos« , « Femmes damnées » et « Les Métamorphoses du vampire« ).
"Allégorie"
C’est une femme belle et de riche encolure,
Qui laisse dans son vin traîner sa chevelure.
Les griffes de l’amour, les poisons du tripot,
Tout glisse et tout s’émousse au granit de sa peau.
Elle rit à la Mort et nargue la Débauche,
Ces monstres dont la main, qui toujours gratte et fauche,
Dans ses jeux destructeurs a pourtant respecté
De ce corps ferme et droit la rude majesté.
Elle marche en déesse et repose en sultane ;
Elle a dans le plaisir la foi mahométane,
Et dans ses bras ouverts, que remplissent ses seins,
Elle appelle des yeux la race des humains.
Elle croit, elle sait, cette vierge inféconde
Et pourtant nécessaire à la marche du monde,
Que la beauté du corps est un sublime don
Qui de toute infamie arrache le pardon.
Elle ignore l’Enfer comme le Purgatoire,
Et quand l’heure viendra d’entrer dans la Nuit noire,
Elle regardera la face de la Mort,
Ainsi qu’un nouveau-né, — sans haine et sans remord.
Le poète se tourne alors vers Satan, comme ultime recours dans sa quête de l’Idéal. Car, au-delà de la figure du mal, Satan est l’ange déchu, celui qui s’est révolté contre Dieu. Invoquer Satan, c’est donc tenter de nouer avec lui un pacte prométhéen, quand Dieu s’est montré décevant. D’où cette Révolte à double sens, qui est à la fois une prière à Dieu et au Diable, et peut-être aux hommes.
"Les Litanies à Satan" (Prière)
Gloire et louage à toi, Satan, dans les hauteurs
Du Ciel, où tu régnas, et dans les profondeurs
De l’Enfer, où, vaincu, tu rêves en silence !
Fais que mon âme un jour, sous l’Arbre de Science,
Près de toi se repose, à l’heure où sur ton front
Comme un Temple nouveau ses rameaux s’épandront !
Enfin, vient La Mort, repos définitif de cette quête désespérée, mais qui n’est pas pour autant un échec. Par le biais de la poésie, l’homme si réconcilie avec l’idéal qui le hante :
"Le Voyage" (VIII)
Ô Mort, vieux capitaine, il est temps ! levons l'ancre !
Ce pays nous ennuie, ô Mort ! Appareillons !
Si le ciel et la mer sont noirs comme de l'encre,
Nos cœurs que tu connais sont remplis de rayons !
Verse-nous ton poison pour qu'il nous réconforte !
Nous voulons, tant ce feu nous brûle le cerveau,
Plonger au fond du gouffre, Enfer ou Ciel, qu'importe ?
Au fond de l'Inconnu pour trouver du nouveau !
Sommaire des Fleurs du mal (édition 1861)
Le recueil peut se lire, section par section, en suivant la longue descente de l’idéal dans le spleen jusqu’au voyage ultime. La section la plus dense, la première, « Spleen et idéal », peut, pour une question de commodité de lecture, être scindée (ce n’est pas le choix de l’auteur) en sous-sections plus faciles à appréhender parce qu’elles donnent une forme d’unité aux groupes de poèmes qui les composent.
Le sommaire de l’œuvre, avec les sous-section est le suivant :
SPLEEN ET IDEALCycle de l'art
I. Bénédiction
II. L'Albatros (1861)
III. Élévation
IV. Correspondances
V. « J'aime le souvenir de ces époques nues... »
VI. Les Phares
VII. La Muse malade
VIII. La Muse vénale
IX. Le Mauvais Moine
X. L'Ennemi
XI. Le Guignon
XII. La Vie antérieure
XIII. Bohémiens en Voyage
XIV. L'Homme et la Mer
XV. Don Juan aux Enfers
XVI. Châtiment de l'Orgueil
XVII. La Beauté
XVIII. L'Idéal
XIX. La Géante
XX. Le Masque (1861)
XXI. Hymne à la Beauté (1861)
Cycle de l'amourJeanne Duval
XXII. Parfum exotique
XXIII. La Chevelure (1861)
XXIV. « Je t'adore à l'égal de la voûte nocturne... »
XXV. « Tu mettrais l'univers entier dans ta ruelle... »
XXVI. Sed non satiata [Mais non pas satisfaite]
XXVII. « Avec ses vêtements ondoyants et nacrés... »
XXVIII. Le Serpent qui danse
XXIX. Une Charogne
XXX. De profundis clamavi [premiers mots du psaume CXXIX "Du fond de l'abîme j'ai crié"]
XXXI. Le Vampire
XXXII. « Une nuit que j'étais près d'une affreuse Juive... »
XXXIII. Remords posthume
XXXIV. Le Chat
XXXV. Duellum (1861) [La guerre]
XXXVI. Le Balcon
XXXVII. Le Possédé (1861)
XXXVIII. Un Fantôme (1861)
XXXIX. « Je te donne ces vers afin que si mon nom... »
Apollonie Sabatier
XL. Semper Eadem (1861) [Toujours la même]
XLI. Tout entière
XLII. « Que diras-tu ce soir, pauvre âme solitaire... »
XLIII. Le Flambeau vivant
XLIV. Réversibilité
XLV. Confession
XLVI. L'Aube spirituelle
XLVII. Harmonie du Soir
XLVIII. Le Flacon
Marie Daubrun
XLIX. Le Poison
L. Ciel brouillé
LI. Le Chat
LII. Le Beau Navire
LIII. L'Invitation au Voyage
LIV. L'Irréparable
LV. Causerie
LVI. Chant d'Automne (1861)
LVII. À une Madone (1861)
Femmes peu connues
LVIII. Chanson d'Après-midi (1861)
LIX. Sisina (1861) [allusion à Elisa Néri, actrice]
LX. Franciscae meae laudes [Louanges de ma Françoise - seul poème en latin de tout le recueil]
LXI. À une Dame créole
LXII. Moesta et errabunda [triste et vagabonde]
LXIII. Le Revenant (1861)
LXIV. Sonnet d'Automne (1861)
Cycle du spleen
LXV. Tristesses de la Lune (1861)
LXVI. Les Chats
LXVII. Les Hiboux
LXVIII. La Pipe (1861)
LXIX. La Musique (1861)
LXX. Sépulture (1861)
LXXI. Une Gravure fantastique (1861)
LXXII. Le Mort joyeux (1861)
LXXIII. Le Tonneau de la Haine (1861)
LXXIV. La Cloche fêlée
LXXV. Spleen
LXXVI. Spleen
LXXVII. Spleen
LXXVIII. Spleen
LXXIX. Obsession (1861)
LXXX. Le Goût du Néant (1861)
LXXXI. Alchimie de la Douleur (1861)
LXXXII. Horreur sympathique (1861)
LXXXIII. L'Héautontimorouménos (1861) [Le bourreau de soi-même]
LXXXIV. L'Irrémédiable
LXXXV. L'Horloge (1861)
TABLEAUX PARISIENS
LXXXVI. Paysage
LXXXVII. Le Soleil
LXXXVIII. À une mendiante rousse
LXXXIX. Le Cygne
XC. Les sept Vieillards
XCI. Les petites Vieilles
XCII. Les Aveugles
XCIII. À une passante
XCIV. Le Squelette laboureur
XCV. Le Crépuscule du soir
XCVI. Le Jeu
XCVII. Danse macabre
XCVIII. L'Amour du mensonge
XCIX. Je n'ai pas oublié, voisine de la ville
C. La servante au grand cœur dont vous étiez jalouse
CI. Brumes et Pluies
CII. Rêve parisien
CIII. Le Crépuscule du matin
LE VIN
CIV. L'Âme du vin
CV. Le Vin des chiffonniers
CVI. Le Vin de l'assassin
CVII. Le Vin du solitaire
CVIII. Le Vin des amants
FLEURS DU MAL
CIX. La Destruction
CX. Une Martyre
CXI. Femmes damnées
CXII. Les deux bonnes Sœurs
CXIII. La Fontaine de sang
CXIV. Allégorie
CXV. La Béatrice
CXVI. Un Voyage à Cythère
CXVII. L'Amour et le Crâne
RÉVOLTE
CXVIII. Le Reniement de saint Pierre
CXIX. Abel et Caïn
CXX. Les Litanies de Satan
LA MORT
CXXI. La Mort des amants
CXXII. La Mort des pauvres
CXXIII. La Mort des artistes
CXXIV. La Fin de la journée
CXXV. Le Rêve d'un curieux
CXXVI. Le Voyage
PIÈCES CONDAMNÉES EN 1857
Lesbos
Femmes damnées (Delphine et Hippolyte)
Le Léthé
À celle qui est trop gaie
Les Bijoux
Les Métamorphoses du vampire
Les femmes sont une source d’inspiration et un sujet poétique centraux dans les poèmes des Fleurs du mal.
Sa relation à la gent féminine est ambiguë et hésite entre répulsion teintée de mépris et adoration. Cet antagonisme est visible, entre autres, dans deux poèmes successifs du recueil, les poèmes XXIV et XXV :
XXIV
Je t'adore à l'égal de la voûte nocturne,
Ô vase de tristesse, ô grande taciturne,
Et t'aime d'autant plus, belle, que tu me fuis,
Et que tu me parais, ornement de mes nuits,
Plus ironiquement accumuler les lieues
Qui séparent mes bras des immensités bleues.
Je m'avance à l'attaque, et je grimpe aux assauts,
Comme après un cadavre un cœur de vermisseaux,
Et je chéris, ô bête implacable et cruelle !
Jusqu'à cette froideur par où tu m'es plus belle !
XXV
Tu mettrais l'univers entier dans ta ruelle,
Femme impure ! L'ennui rend ton âme cruelle.
Pour exercer tes dents à ce jeu singulier,
Il te faut chaque jour un cœur au râtelier.
Tes yeux, illuminés ainsi que des boutiques
Et des ifs flamboyants dans les fêtes publiques,
Usent insolemment d'un pouvoir emprunté,
Sans connaître jamais la loi de leur beauté.
Machine aveugle et sourde, en cruauté féconde !
Salutaire instrument, buveur du sang du monde,
Comment n'as-tu pas honte et comment n'as-tu pas
Devant tous les miroirs vu pâlir tes appas ?
La grandeur de ce mal où tu te crois savante
Ne t'a donc jamais fait reculer d'épouvante,
Quand la nature, grande en ses desseins cachés,
De toi se sert, ô femme, ô reine des péchés,
- De toi, vil animal, - pour pétrir un génie ?
Ô fangeuse grandeur ! sublime ignominie !
Dans l’un comme dans l’autre poème, on voit clairement que la position de Baudelaire n’est pas univoque. Si le premier est globalement élogieux (vocabulaire mélioratif, voire laudatif), certains éléments sont plus négatifs (« vase de tristesse », comparaison au « cadavre – cf. aussi le poème « une charogne« ), le second poème est globalement négatif (« femme impure »), quoique des éléments positifs viennent tenter d’apporter une sorte de contrepoint (« beauté », « grandeur », « sublime »).
On sait que trois femmes ont eu une influence marquée dans la vie de Baudelaire, femmes que l’on trouve, en filigrane, dans bon nombre de poèmes du recueil :
Jeanne Duval. Le grand amour de Baudelaire, une métisse « qui portait bien sa brute tête ingénue et superbe, couronnée d’une chevelure violemment crêpelée » (d’après la description qu’en fait Théodore de Banville). Baudelaire la rencontre à la fin de l’année 1842. Elle est « le seul être en qui j’aie trouvé quelque repos […], la seule femme que j’aie aimée ». Leur vie commune dure d’avril 1851 à mai 1852. Elle reprend brièvement en 1860. Mais jamais pourtant le poète ne l’a véritablement abandonnée, même après la paralysie qui la frappe en 1859. Elle est la femme aux yeux noirs et inspire au poète de très nombreux poèmes, tous marqués par une forte sensualité.
Jeanne Duval, dessin de Baudelaire
La chevelure
Ô toison, moutonnant jusque sur l’encolure !
Ô boucles ! Ô parfum chargé de nonchaloir !
Extase ! Pour peupler ce soir l’alcôve obscure
Des souvenirs dormant dans cette chevelure,
Je la veux agiter dans l’air comme un mouchoir !
La langoureuse Asie et la brûlante Afrique,
Tout un monde lointain, absent, presque défunt,
Vit dans tes profondeurs, forêt aromatique !
Comme d’autres esprits voguent sur la musique,
Le mien, ô mon amour ! nage sur ton parfum.
J’irai là-bas où l’arbre et l’homme, pleins de sève,
Se pâment longuement sous l’ardeur des climats ;
Fortes tresses, soyez la houle qui m’enlève !
Tu contiens, mer d’ébène, un éblouissant rêve
De voiles, de rameurs, de flammes et de mâts :
Un port retentissant où mon âme peut boire
À grands flots le parfum, le son et la couleur ;
Où les vaisseaux, glissant dans l’or et dans la moire,
Ouvrent leurs vastes bras pour embrasser la gloire
D’un ciel pur où frémit l’éternelle chaleur.
Je plongerai ma tête amoureuse d’ivresse
Dans ce noir océan où l’autre est enfermé ;
Et mon esprit subtil que le roulis caresse
Saura vous retrouver, ô féconde paresse,
Infinis bercements du loisir embaumé !
Cheveux bleus, pavillon de ténèbres tendues,
Vous me rendez l’azur du ciel immense et rond ;
Sur les bords duvetés de vos mèches tordues
Je m’enivre ardemment des senteurs confondues
De l’huile de coco, du musc et du goudron.
Longtemps ! toujours ! ma main dans ta crinière lourde
Sèmera le rubis, la perle et le saphir,
Afin qu’à mon désir tu ne sois jamais sourde !
N’es-tu pas l’oasis où je rêve, et la gourde
Où je hume à longs traits le vin du souvenir ?
Marie Daubrun (auparavant Marie Bruneau puis Marie d’Aubrun) est actrice. Baudelaire l’a probablement vue en 1847 dans le rôle de La Belle aux cheveux d’or. Leur liaison durant l’année 1854 est de courte durée. Elle s’affiche l’année suivante avec le poète Théodore de Banville. Elle est la femme aux yeux verts, dont Baudelaire célèbre le corps et la spiritualité.
Chant d'automneI
Bientôt nous plongerons dans les froides ténèbres ;
Adieu, vive clarté de nos étés trop courts !
J’entends déjà tomber avec des chocs funèbres
Le bois retentissant sur le pavé des cours.
Tout l’hiver va rentrer dans mon être : colère,
Haine, frissons, horreur, labeur dur et forcé,
Et, comme le soleil dans son enfer polaire,
Mon cœur ne sera plus qu’un bloc rouge et glacé.
J’écoute en frémissant chaque bûche qui tombe ;
L’échafaud qu’on bâtit n’a pas d’écho plus sourd.
Mon esprit est pareil à la tour qui succombe
Sous les coups du bélier infatigable et lourd.
Il me semble, bercé par ce choc monotone,
Qu’on cloue en grande hâte un cercueil quelque part.
Pour qui ? — C’était hier l’été ; voici l’automne !
Ce bruit mystérieux sonne comme un départ.
II
J’aime de vos longs yeux la lumière verdâtre,
Douce beauté, mais tout aujourd’hui m’est amer,
Et rien, ni votre amour, ni le boudoir, ni l’âtre,
Ne me vaut le soleil rayonnant sur la mer.
Et pourtant aimez-moi, tendre cœur ! soyez mère,
Même pour un ingrat, même pour un méchant ;
Amante ou sœur, soyez la douceur éphémère
D’un glorieux automne ou d’un soleil couchant.
Courte tâche ! La tombe attend ; elle est avide !
Ah ! laissez-moi, mon front posé sur vos genoux,
Goûter, en regrettant l’été blanc et torride,
De l’arrière-saison le rayon jaune et doux !
Apollonie Sabatier est la femme aux yeux bleus. Baudelaire lui voue un amour idéalisé et non avoué. Il lui envoie pendant trois ans, de façon anonyme quantité de poèmes. Dans une de ses lettres il lui écrit en 1854 « jamais amour ne fut plus désintéressé, plus idéal, plus pénétré de respect que celui que je nourris secrètement pour vous ». Trois ans plus tard, après qu’elle s’est offerte à lui, il rompt en lui adressant le message suivant : » Il y a quelques jours, tu étais une divinité, ce qui est si commode, si beau, si inviolable. Te voilà femme maintenant ».
Apollonie Sabatier peinte par Vincent Vidal (XIXe siècle – Musée national du château de Compiègne)
Le flambeau vivant
Ils marchent devant moi, ces Yeux pleins de lumières,
Qu’un Ange très-savant a sans doute aimantés ;
Ils marchent, ces divins frères qui sont mes frères,
Secouant dans mes yeux leurs feux diamantés.
Me sauvant de tout piége et de tout péché grave,
Ils conduisent mes pas dans la route du Beau ;
Ils sont mes serviteurs et je suis leur esclave ;
Tout mon être obéit à ce vivant flambeau.
Charmants Yeux, vous brillez de la clarté mystique
Qu’ont les cierges brûlant en plein jour ; le soleil
Rougit, mais n’éteint pas leur flamme fantastique ;
Ils célèbrent la Mort, vous chantez le Réveil ;
Vous marchez en chantant le réveil de mon âme,
Astres dont nul soleil ne peut flétrir la flamme !
A ces trois femmes, correspondent, schématiquement, trois types de femmes présentes dans Les Fleurs du mal :
la femme aux yeux noirs : symbole d’exotisme, de désir charnel et l’essence démoniaque des femmes ;
la femme aux yeux verts : symbole de sororité, de tendresse mais aussi du caractère peu fiable des femmes ;
la femme aux yeux bleus : symbole d’angélisme, d’adoration, de l’idéal inatteignable.
Attention toutefois au raccourci malheureux qui consisterait à identifier catégoriquement une des femmes du recueil à une des trois amantes historiques de Baudelaire, ce serait une erreur en ce sens que Baudelaire, en tant que poète, modifie et transforme la réalité des choses dans l’acte de création poétique (comme tout artiste du reste).
Il ne faut pas oublier que Baudelaire évolue dans une société fortement marquée par la religion catholique. Il n’est donc pas rare de trouver, sous sa plume, nombre de références bibliques. La femme idéale, voire idéalisée, est à rapprocher des personnages de Marie (dans le Nouveau Testament). En revanche, la femme démoniaque est à rapprocher de Lilith ou d’Ève, en ce qu’elle est celle qui, cédant à la tentation du serpent, précipite la chute de l’homme (Genèse, III, 6). Garder en tête aussi que Baudelaire reçoit aussi l’héritage de l’ensemble des auteurs qui le précèdent et qu’il a lu, en particulier Dante, dont le personnage de Béatrice illumine le troisième livre de la Divine Comédie, puisque c’est elle, femme aimée et idéale, qui guide le poète, à travers le Paradis, jusqu’à Dieu.
Par ailleurs, Baudelaire, par sa formation, connaît et a intégré à sa réflexion et à son art, les mythes antiques. Concernant l’amour, c’est le mythe de l’androgyne, raconté par Aristophane, que l’on peut lire dans Le Banquet de Platon (428-348 av. J.-C.) qu’il importe d’avoir en tête, parce que tous les auteurs qui traitent d’amour dans leurs textes depuis l’Antiquité le connaissent et l’emploient de près ou de loin.
Vase grec du IVe siècle avant J.-C. figurant l’androgyne tel que présenté par Aristophane dans Le Banquet.